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Non, je ne compte pas spécialement vous parler du bouquin éponyme qui parle d’un gars qui se fait employer comme stagiaire partout pour commettre des assassinats ! Pratique, un stagiaire ça passe inaperçu, personne ne s’intéresse à ses capacités de travail déplorables, à sa paie de misère, ni au fait que bon nombre de stages ne sont là que pour faire du vrai travail prétendument qualifié à moindre coût. La planque parfaite pour commettre des meutres donc, et des fois c’est pas les envies qui manquent. Allé si, finalement, parlons-en un peu.

Urgent, cherche stagiaire

Le tumblr associé.

J’ai commencé comme ça, dans une boîte qui faisait à l’époque des technos sympas. J’avais un stage en alternance de 9 mois à faire et avais entendu parler de J2EE (oui ça s’appelait J2EE et pas Java EE à l’époque). Le projet était plutôt intéressant, c’était du SAAS à une époque où c’était encore très rare. Seulement la personne qui m’avait employé à l’époque n’avait aucune compétence technique, donc aucun moyen de m’apporter quoi que ce soit sur ces aspects, et de m’apporter réellement ce qu’un stage aurait normalement dû m’apporter. Nous étions 4 ou 5 selon les périodes, tous stagiaires, payés le minimum syndical (360€/mois).

Outre les aspects moraux plus que douteux, les horaires qu’on nous imposait n’étaient franchement pas normaux. Je bossais 30h en 3 jours et enchaînais sur 16 heures de cours à la fac sur deux jours. Tout ça pour en venir à deux choses :

  • J’ai quand même pu voir certains aspects que je n’aurais jamais vu sinon, comme le clustering de serveurs à l’époque. Il n’y a pas eu que du négatif sur les aspects techniques, par contre niveau propreté du code, c’était une catastrophe. J’ai vu tous les antipatterns possibles : des méthodes de 300 lignes dupliquées 15 fois dans le même fichier avec deux chaînes de caractères qui changent, des clés primaires sur 12 champs, du N+1 select bien moche et j’en passe. Et d’après des sources en contact avec l’entreprise en question, rien dans le code n’a changé depuis mon départ il y a quelque chose comme 8 ans. D’ailleurs, il reste mon nom à plein d’endroits dans le code.
  • J’ai maintenant un avis particulièrement marqué en ce qui concerne les stages en entreprise, les façons de les choisir et ce qu’ils sont sensés apporter aux stagiaires. Je sais que je ne prendrais un stagiaire que sur un sujet que j’estime intéressant par exemple, que je le formerai à la qualité du code si tel était le cas plus qu’à la technique pure, que je prendrais du temps pour lui et qu’il y aurait une opportunité d’emploi par la suite. Si vous aussi vous prenez un stagiaire et que vous ne respectez pas TOUS ces critères, sachez que je vous maudis, au moins intérieurement.

En startup c’est différent, tout le monde prend un risque, on se repose sur le chômage pour descendre les coûts tant qu’on ne gagne pas assez d’argent, je peux facilement le comprendre. Les participants ont des actions dans la jeune pousse, et ont un réel intérêt à ce que ça marche. Mais quand je vois que la boîte en question dégage des bénéfices confortables et est maintenant dans la French Tech Toulouse, cela me fait doucement rigoler. Comme quoi être un truand ça paie.

Bonheur au travail

J’ai toujours travaillé en SSII1, mais j’ai quand même pu voir comment ça se passait dans de nombreuses boîtes où j’ai pu faire des missions. Pour être tout à fait franc, le monde des sociétés de service est assez cruel et impitoyable. Soyons franc, il y a toujours des choses qui ne vous conviendront pas.

N’étant pas particulièrement doué pour planter ma tête dans le sol, je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait que je trouve une échappatoire. Il faut commencer par prendre un peu de recul et essayer d’identifier ce qui vous gêne vraiment. Dans mon cas, je me retrouve souvent seul à travailler sur des missions. Ce qui me manque le plus, assez logiquement c’est le partage et le travail en équipe.

Une fois identifié la cause de votre mal-être, il ne vous reste plus qu’à trouver des moyens de contournement. Dans mon cas, je me suis mis à aller de plus en plus souvent aux événements du JUG, du TAUG, du SCT, aux conférences… Je fais quand je le peux des hackatons, start up weekends, dojos. Histoire que ce soit aussi le cas dans mon entreprise, on a organisé des dojos entre midi et deux, des Brown Bag Lunch, tout un tas d’événements dans le genre.

Le reportage d’Arte associé, que je n’ai pas trouvé si top d’ailleurs.

Les formations

Formation

N’espérez surtout pas qu’on vous propose la moindre formation, jamais. Pour y avoir vraiment droit il faut être dans une énorme structure qui dispose d’un catalogue de formation, avec des rotations organisées. C’est malheureusement très loin d’être le cas partout. Il y a quand même plusieurs moyens assez simples d’en obtenir :

  • Demandez la. Si vous ne demandez pas, il y a infinitésiment peu de chance qu’elle vous tombe toute cuite dans l’assiette. Renseignez-vous sur la formation qui vous intéresse, son prix, le lieu où elle se passe. Arrivez avec toutes ces informations vous serez beaucoup plus crédibles et montrerez ce faisant que la formation en question vous intéresse vraiment. C’est plus facile si ça a un lien direct avec vos missions chez le client, mais ça ne devrait pas. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de faire une formation en ébénisterie ou apprendre à réparer des voitures si ça nous chante ? Pour une reconversion, cela devrait être possible sans aucun problème.
  • Si malgré votre demande ça ne marche toujours pas, faites des demandes de DIF. Une fois la première refusée, faites-en une seconde, normalement ça doit passer.
  • Si pour une raison ou pour une autre le DIF vous est refusé, barrez-vous, on a la chance d’avoir quasiment le plein emploi dans le secteur, d’autant plus si vous êtes du genre à vous bouger un peu pour avoir vos formations.

Pour les conférences, il y a encore d’autres stratagèmes. Personnellement, je demande si ça peut être pris en charge. Quand ça ne marche pas, il reste au moins deux options. Vous pouvez vous proposer en tant que conférencier, pour moi ça a déjà marché 3 fois : une fois à Devoxx France et deux fois à l’EclipseCon France (oui, j’y parlerai de refactoring JDK8 dans un peu moins de deux mois maintenant). Vous pouvez commencer par des trucs moins ambitieux, comme faire des présentations aux User Groups locaux, à l’Agile Tour etc. Si vous n’êtes pas pris, allez-y quand même, quitte à le faire sur vos deniers et votre temps personnels.

Cela montrera encore une fois deux choses, que le sujet vous intéresse, et que si votre boîte ne fait pas un geste, c’est qu’elle est soit franchement contre l’amélioration de son personnel (dans ce cas, barrez vous), soit hyper proche de ses sous (retour au point précédent).

Opérations sous-marins

Je pars du principe bien connu qui dit qu’il est souvent plus facile de s’excuser que de demander et obtenir la permission. En partant de là, quand on ne vous laisse pas faire ce que vous estimez bon, faites le quand même. Quitte à le faire entre midi et deux, ou en dehors de votre temps supposé de travail, à la place d’une pause café ou je ne sais quoi. Si cela vous paraît important, je ne vois pas qu’est-ce qui pourrait vraiment vous empêcher de le faire.

Le pire c’est que bien souvent, les gens se rendent compte quand vous leur montrez ce que vous avez pris le temps de faire en sous-marin que c’est effectivement indispensable, et sont alors prêts à vous donner des jours supplémentaires pour finir ce que vous avez commencé à faire sur votre temps perso.

Histoire de conclure, je vais reprendre une phrase d’Antoine Vernois et qui est un peu le mantra du SCT : “Faites des trucs”.

  1. Oh pardon, ESN ! 

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