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Agile Tour Toulouse 2013

Je me suis rendu pour la troisième fois à l’Agile Tour Toulouse avec toujours le même entrain. Le public y est un peu plus diversifié que dans les autres conférences auxquelles je suis habitué. 400 personnes étaient présentes à Diagora cette année, un petit peu moins que lors de l’édition précédente visiblement. Je vous encourage à aller voir mes précédents articles sur les éditions 2011 et 2012 de cette même conférence. J’ai essayé cette année de trouver un meilleur équilibre entre les présentations et les ateliers.

La Horde Agile

Pablo Pernot nous a rapidement plongés dans le bain, nous ramenant à nos racines de chasseurs-cueilleurs. Il a ainsi mis en avant ce qui faisait nos forces dans les temps anciens, revenant sur notre nature même.

On retrouve effectivement un certain nombre de notions communes : nos ancêtres étaient nomades, n’avaient pas besoin de s’appuyer sur des marqueurs chiffrés pour la chasse, se servaient de leur nombre et de leur endurance pour venir à bout par épuisement de leur proies.

Curieusement, ces troupes d’individus rassemblaient vraissemblablement aux alentours de 150 personnes, on retombe donc sur le nombre de Dunbar, qu’on retrouve un peu partout : dans le nombre d’amis moyen des gens sur FaceBook notamment. Il est communément admis que les membres d’un groupe de 7 ou 50 personnes ont un sentiment d’appartenance à un groupe ou à un département. Il est vivement conseillé aux entreprises de se découper en départements de 140 à 210 personnes, eux-même subdivisés en équipes de 7 ou 50 personnes (curieusement 50 est quasiment égal à 7* 7). Pour approfondir ce sujet.

Une autre notion abordée a été celle de l’over shadowing : quand on décrit quelque chose avec des mots, on a tendance à transformer un peu ce dont on parle. C’est par exemple le cas pour les témoignages. C’est à priori pour cela qu’on retrouve des peintures rupestres dans les grottes. La mémoire marche mieux avec des dessins et des écrits qu’uniquement avec des mots. Je passe rapidement sur la transmission des connaissances au coin du feu, sur l’apprentissage par le jeu (1, 2, 3, soleil)…

Pour clôre cette entrée en matière pour le moins intéressante, on pourrait résumer par le fait que nous sommes dans un monde complexe, fait d’inattendu et de désordre, et que c’est le terreau parfait pour l’innovation et l’évolution. Arrêtons de vouloir aller contre notre nature en se basant sur des indicateurs, laissons parler nos émotions et notre culture. Les slides de la Horde Agile

La culture du Backlog

Le concept de cette présentation de Claude Aubry, était de présenter ce que Kanban pouvait apporter pour améliorer Scrum. La parallèle était cette fois fait sur la culture, voire même l’agriculture.

Le but était alors de pouvoir mieux connaître les stories en début de sprint, pouvoir injecter les changements plus rapidement qu’une itération de sprint et avoir une meilleure idée de l’avancement.

La fausse bonne idée : rajouter une colonne au tableau Scrum (à tester par exemple).

La vraie bonne idée : passer des colonnes à des bacs. L’idée est de limiter ici le stock.

On écrit les idées sur des cartes, on discute de celles-ci avec le Product Owner. On itère ainsi jusqu’à ce que la story soit prête. Voir les 3C de Jeff Patton : Card / Conversation / Confirmation.

Le concept peut être poussé jusqu’à la mise en place de 5 bacs :

  • Un bac à sable dans lequel on peut lancer les idées sans préjugé
  • Un bac de culture dans lequel on ordonne ces germes d’idées, on décompose les prioritaires qui seraient trop grosses pour des itérations, on détaille, précise ou même estime ces stories
  • Un bac de départ (starting blocks) qui contient les stories sélectionnées en début de sprint
  • Un bac de sprint pour les stories en cours
  • Un bac de récolte pour celles qui sont finies En partant de ces principes, il devient nécessaire de faire une revue régulière de culture du backlog. On limite alors le nombre de tâches simultanées, en essaimant (swarming) les développeurs sur les stories (1 conteur qui a la responsabilité de la story et des butineurs qui l’assistent).

On peut alors limiter la taille du bac ce sprint, afin d’éviter d’avoir trop de stories en cours et non finies.

Il est aussi conseillé de mettre en place des alarmes sur une limite basse des bacs, poussant ainsi à les reremplir afin d’avoir toujours de quoi faire.

Afin d’aller encore plus loin, on peut aussi fluidifier la livraison des stories terminées au client en mettant en place du déploiement continu.

Les slides de la présentation

Table ronde : au delà de l’agilité, la culture

Je ne me hasarderai pas à essayer de reprendre, même en résumé tout ce qui a été dit sur le sujet. Cette session était animée par Emmanuel Gaillot, et Alexandre Boutin, Claude Aubry, Jean-François Jagodzinski, Laurent Morisseau et Yannick Ameur étaient présents pour donner leur avis.

En vrac, ils ont parlé de principes, de culture et de contre-culture, de rébellion, de rock&roll, de philosophie et de culture de l’entreprise. Mais aussi de savoir faire collectif, d’étiquette et de rituels d’équipe, du caractère des équipes, de s’améliorer, de placer l’humain au centre, de l’introduction du jeu…

Des questions ont ensuite été posées par l’assistance avec ou sans réponses des intervenants.

Durant toute la séance, une personne représentait graphiquement ce qui ressortait de la table ronde (honte à moi, je n’ai même pas pensé à immortaliser son oeuvre).

Une parenthèse plus philosophique très intéressante, dans un format difficile mais bien amené.

Une seule ressource citée cette fois : The Culture Game de Daniel Mezic.

Beer Game

J’apprécie particulièrement Alexandre Boutin en tant que présentateur/animateur. Encore une fois je n’ai pas été déçu. Le Beer Game est un jeu de plateau pas tout récent disponible gratuitement. Il ressemble fortement au Kanban Board Game que je vous avais présenté l’an dernier et permet de mettre en avant le même type de conclusions. On y joue par binômes de l’usine au consommateur (le seul à être seul), 9 personnes par table. Des packs de bière étaient promis aux gagnants. La coopération avec nos voisins nous a permis de plutôt bien nous classer. Au final nous nous sommes retrouvés à se partager les bières gagnées en discutant. Une bonne bouffée d’oxygène dans cette journée.

C’est en forgeant qu’on devient forgeron

Cette session était animée par Baptiste Mathus (notre JUG Leader actuel à Toulouse) et Michaël Pailloncy tous deux du Mipih où j’ai fait mes armes. Durant cet atelier, nous avons mis en place une forge logicielle quasiment complète. C’est une tâche que j’avais déjà effectuée sur notre plateforme de Toulouse et qui a aussi été effectuée sur Paris, mais je me suis dit qu’un rappel ne faisait jamais de mal.

Nous avons ainsi lancé jenkins, déployé une application Java dessus, avec des builds spécifiques en surveillant un repository Git. Chose que je n’avais pas encore faite de mon côté, nous avons continué et intégré Sonar pour faire de l’analyse de notre code.

La présentation, bien qu’un peu facile pour quelqu’un qui connaissait déjà le domaine, m’a semblé bien adaptée au public supposé de l’Agile Tour et permettait d’aborder un grand nombre de sujets sur l’intérêt des forges logicielles et de l’intégration continue. Vous pouvez trouver les sources et les instructions ici.

L’aventure d’un sportif de haut niveau vue au travers des grandes valeurs de l’agilité

Cette présentation était intéressante bien qu’un peu longue par moments. Il existe effectivement des notions communes, ainsi que des différences. Le parcours de Romain Mesnil (champion en saut à la perche pour ceux qui seraient complètement allergiques au sport), est pour le moins singulier. Il est désormais commercial pour une grande enseigne de services de couleur orange, a fait aussi du développement Java en entreprise en parallèle de ses préparations olympiques, à subi de lourds échecs et des problèmes de performance lors des olympiades. Et en bonus, pour ceux qui auraient vécu sur une autre planète et n’auraient pas vu ses spots de recherches de sponsors : sa recherche et son sponsor trouvé.

En complément, les liens vers des présentations auxquelles je n’ai pas assisté : Votre diplôme c’est vous et Kata Mölkky ainsi que la présentation sur le Software Craftsmanship d’Antoine Vernois (à visualiser avec la touche S pour voir les commentaires de la version speaker), celle sur le Lean Startup de Nicolas Deverge et le résultat d’Agile Smells.

Et enfin, les autres retours glanés ci et là : un retour à 4 (8?) mains d’ekito, les impressions de Claude Aubry et celui de Fabrice Aimetti.

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